Le parfum d'Adam - Jean-Christophe Rufin
J’ai plusieurs fois fait allusion sur mon blog à la bibliothèque de ma société. Je voulais profiter de ce message sur Le parfum d’Adam de Jean-Christophe Rufin pour vous en dire plus...
En fait, cela fait 3 ans que j’étais en mission dans une société, que l’on va appeler A. Je dis « j’étais » car ça y est, c’est fini… Ce qu’il y avait de bien dans la société A., c’est que le CE avait mis en place une bibliothèque : on pouvait emprunter (gratuitement) plein de livres. Et ce qui était vraiment vraiment bien, c’est que le CE se procurait toutes les parutions récentes. C’est donc comme ça que j’ai pu lire Mal de pierres de Milena Agus, Un roman russe d’Emmanuel Carrère, Résilience d’auteur d’Hervé Mestron et L’attentat de Yasmina Khadra sans avoir à attendre leur sortie en poche. C’est comme ça aussi que j’ai pu découvrir Le livre des illusions de Paul Auster, Effroyables jardins de Michel Quint, L’inespérée de Christian Bobin et Vacances anglaises de Joseph Connolly. Et c’est comme ça que j’ai pu tenter de lire L’élégance du hérisson de Muriel Barbéry, Une exécution ordinaire de Marc Dugain et La maison du retour de Jean-Paul Kauffmann sans aller jusqu’au bout. Et là, je ne cite que quelques-uns des livres que j’ai empruntés au CE…
Et donc pourquoi vous en parler alors que ce message est consacré au dernier roman de Jean-Christophe Rufin ? Hé ben parce que ce roman est le dernier que j’aurai emprunté au CE…
Donc voilà, je voulais profiter de ce message pour faire un grand merci au CE de la société A. et surtout à Michèle !
L’homme humble va vers les fauves meurtriers.
Dès qu’ils le voient, leur sauvagerie s’apaise.
Car ils sentent, venu de lui,
ce parfum qu’exhalait Adam avant la chute,
lorsqu’ils allèrent vers lui et qu’il leur donna des noms au Paradis.
Isaac le Syrien - Traités ascétiques
4ème de couverture
Juliette est une jeune militante écologiste, fragile et idéaliste. Elle participe à une opération commando pour libérer des animaux de laboratoire. Cette action apparemment innocente va l’entraîner au cœur d’un complot sans précédent qui, au nom de la planète, prend ni plus ni moins pour cible l’espèce humaine.
L’agence de renseignements privée « Providence », aux Etats-Unis, est chargée de l’affaire. Elle recrute deux anciens agents, Paul et Kerry, qui ont quitté les services secrets pour reprendre des études, l’un de médecine et l’autre de psychologie. Leur enquête va les plonger dans l’univers terrifiant de l’écologie radicale et de ceux qui la manipulent. Car la défense de l’environnement n’a pas partout le visage sympathique qu’on lui connaît chez nous. La recherche d’un Paradis perdu, la nostalgie d’un temps où l’homme était en harmonie avec la nature peuvent conduire au fanatisme le plus meurtrier.
Du Cap-Vert à la Pologne, du Colorado jusqu’aux métropoles brésiliennes, Le parfum d’Adam est un thriller planétaire haletant. Mais ce roman d’aventures est aussi un voyage littéraire, où l’on retrouve les portraits, les paysages et l’humour qui ont fait le succès de L’Abyssin ou de Rouge Brésil.
Mon avis
J’ai lu ce roman car c'est un coup de cœur de Florinette.
Vous trouverez son avis ICI.
Contrairement à Florinette, je n’ai pas trouvé ce thriller haletant. Au contraire, j’ai peiné pour venir à bout de ces 539 pages… J’ai eu du mal à accrocher à 100% au côté policier-espionnage de roman. En revanche, en refermant ce livre, je peux dire que je l’ai aimé et même je recommande de le lire ! Pourquoi ? Plutôt « Pour quoi ? » Hé ben pour son côté écolo !
L’intrigue tourne autour de l’écoterrorisme. Peut-être êtes-vous comme moi avant la lecture de ce roman : « Mais qu’est-ce que l’écoterrorisme ?!? » Pour moi, l’écologie, ce sont toutes ces plus ou moins petites choses que l’on essaie de faire pour sauver notre planète. D’abord à notre niveau par les gestes du quotidien : trier ses déchets, prendre une douche plutôt qu’un bain, fermer le robinet pendant qu’on se lave les dents, prendre les transports en commun plutôt que la voiture, etc. Puis au niveau d’associations, spécialisées dans ce domaine, ainsi qu’au niveau politique. Voilà !
Mais non, pas « Voilà ! » ! L’écologie, ce n’est pas seulement ça… Voici ce qu’en dit Jean-Christophe Rufin dans sa postface :
« L’écologie, dans notre pays, emporte la sympathie de nombreuses personnes sincères qui ne partagent en rien de telles idées. Chez nous, l’écologie « courante » prend le visage débonnaire de mouvements politiques ayant pignon sur rue, traversés de querelles bon enfant et préoccupés, lorsqu’ils ont une once de pouvoir, d’améliorer la circulation des vélos ou le recyclage des déchets. (…) Du coup, on en oublie le visage que peut prendre l’écologie dans d’autres pays, aux Etats-Unis ou en Angleterre par exemple. Le terrorisme écologique est pourtant pris très au sérieux par les services de sécurité de ces Etats. Le FBI a été jusqu’à considérer que l’écoterrorisme constituait la deuxième menace aux Etats-Unis, derrière le fondamentalisme islamiste. Cette opinion est controversée. Certains y voient une manipulation et la discussion est ouverte. Il reste que l’existence d’une écologie violente est incontestable. » (p.534)
Grâce à ce roman, j’ai pris conscience de jusqu’où certaines personnes étaient prêtes à aller, au nom de l’écologie. Soi-disant pour sauver notre planète. Et ça fait peur ! Jean-Christophe Rufin retranscrit les propos de ces extrémistes, mais aussi les contres arguments que l’on peut leur opposer. Les différents points de vue sont donnés dans ce livre, les idées s’affrontent. C’est pour cela que je trouve ce livre très intéressant et que je le recommande vivement !
De plus, Jean-Christophe Rufin écrit très bien. Il nous fait voyager dans plein de lieux du monde, tels que la Pologne, la Suisse, la France, l’Autriche, les Etats-Unis, le Brésil, l’Afrique du Sud, etc. et les descriptions qu’il fait de certaines villes sont très belles.
A propos de Chaulmes, en France :
« Le bourg de Chaulmes est enfoui dans la campagne jurassienne. Pourtant la ville de Montbéliard, déjà, le rattrape, l’étouffe et le retire à la solitude à laquelle il paraissait d’abord destiné. Ramassé au fond d’une vallée froide, le village lui-même est un amas de grosses fermes en pierres percées de portails arrondis, assez hauts pour faire entrer les chars à foin. Dans leur hâte à se blottir frileusement les unes contre les autres, ces bâtisses n’ont laissé place qu’à une étroite chapelle et à la mairie, petit bâtiment carré qui a pour vis-à-vis le monument aux morts de 1914. Alentour, jusqu’aux flancs escarpés des montagnes, veille une garde austère de bois noirs. » (p.48)
A propos de Lyon :
« Les ruelles du vieux Lyon sont des endroits typiques, la cause est entendue. La municipalité s’en est bien rendue compte et elle les a fait restaurer, pavé après pavé. Tout est resté vieux, mais impeccable. La foule des badauds circule dans ces venelles comme le font les substances toxiques dans des tuyaux inoxydables. » (p.286)
A propos de Rio de Janeiro :
« Rio, la nuit, sous la pluie, ressemble à une ville du Nord ruinée, avec ses tunnels vétustes et ses rues mal éclairées, ses trottoirs défoncés et ses lampadaires déglingués. Toute la grâce dont le soleil enjolive la misère disparaît. Ne restent plus que les plaies suintantes d’une ville blessée, d’une capitale déchue, d’une splendeur décadente. » (p.464)
Je pense ne pas m’arrêter avec là avec Jean-Christophe Rufin. Rouge Brésil m’attend chez ma maman justement !
(Retrouvez aussi l'avis de Gambadou, qui elle n'a pas pu aller jusqu'au bout...)
A propos de l’auteur
Avant de connaître le succès littéraire avec ses romans (L'Abyssin, Rouge Brésil – prix Goncourt 2001 -, Globalia...), Jean-Christophe Rufin a été médecin, pionnier de l'action humanitaire « sans frontières ». Il a été sollicité à plusieurs reprises pour mener des opérations secrètes, notamment dans le cadre de libération d'otages (en Afrique et dans les Balkans). En créant une intrigue au croisement de la médecine et de l'espionnage, il explore deux mondes qu'il connaît de l'intérieur et qui ont de plus en plus de liens entre eux. Mais il utilise son expérience pour en faire une pure fiction, à la force narrative et descriptive peu commune.
Photo Couverture : Amazon.fr
5 commentaires:
Le livre ne me déplait pas, mais j'ai un peu de mal à le finir...
peut-être toutes ces descriptions qui t'ont charmé... (sic)
Je garde encore un bon souvenir de ce roman que j'ai trouvé très intéressant au point de vue écologie tout en aimant sa façon de happer le lecteur par une intrigue bien ficelée !
J'ai à peine eu le temps de le commencer qu'il fallait déjà le rendre à la biblio (cf emploi du temps actuel dément), or j'ai adoré le peu que j'ai lu :(((( Bref, je prévois de me le réserver à la biblio juste avant les vacances pour l'embarquer dans mes bagages... Et du coup, je n'ai lu ta critique qu'en diagonale ;)
Je l'avais noté chez Florinette mais je ne sais pas quand je le lirais !
Pour ma part j'ai lu Globalia du même auteur récemment et j'ai ressenti la même impression d'un sujet de fond super intéressant avec une intrigue qui malheureusement m'a déçue... Mais comme toi, je ne m'arrêterai pas là! :)
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