17 avril 2007

Résilience d'auteur - Hervé Mestron


4ème de couverture

Contrairement à beaucoup d'écrivains, José Garland a toujours fui les ateliers d'écriture, les rencontres avec les scolaires, les débats dans les bibliothèques et autres banquets grégaires de la culture. Mais cette fois il ne peut pas ne pas accepter l'invitation de l'Institut régional du livre de Champagne-Ardennes, qui sonne comme un fulgurant retour aux sources, dans cette Marnes souillée par le sang des batailles historiques. Parce que c'est ici, sur cette terre où des obus explosent encore dans les jardins, que José Garland a vécu son premier amour d'enfant, avant d'assister, impuissant, à un crime d'une abominable et insoutenable injustice.

Hervé Mestron, styliste flamboyant, plonge la plume dans le souvenir d'une enfance déchirée et donne un roman noir d'une grande beauté.


Mon avis

Voici un court roman (une centaine de pages) captivant. Je me suis tout de suite attachée au personnage principal, José Garland, et à son histoire. On découvre sa vie de maintenant et sa visite (professionnelle) dans la Marne, et en parallèle son enfance et son histoire familiale avec une mère proche de la folie (peut-être suis-je même trop gentille). Jusqu’à ce que… mais chut ! Je vous laisse découvrir par vous-même.



Le début

« Gare de l’Est, trente minutes d’avance. Dans un Relay, le dernier livre de Garland se trouve aux premières loges. Ca ressemble à un cercueil, une tombe de mots. José contemple ce qui ne lui appartient déjà plus. Jusqu’où l’homme et l’auteur forment-ils une seule et même force ? Qui est la locomotive de qui ? A qui appartient l’histoire, sa propre histoire ? Il achète Diapason et Libération puis se dirige d’un pas extrêmement lent vers le quai numéro 7.
La boule dans son estomac grossit à chaque enjambée. Il a encore le temps de changer d’avis et de retourner dans le présent. Sa route semble tracer un sillage paradoxal entre hier et demain. Garland ignore quel a été l’élément déclencheur du projet. Peut-être le démon de la trentaine. Certains, en entrant dans une pièce, cherchent les ronds : une moulure concentrique au plafond, des objets comme les cendriers, des verres à pied, des vis dans les poignées de porte. C’est quelque chose de l’ordre de l’obsession, une façon d’affronter les espaces vides. Lui est en quête d’un cœur qui doit encore battre quelque part en attendant son retour. Une musique entêtante. Il faut maintenant s’en approcher au plus près et voire l’écho de sa sourde pulsation. On a parfois envie d’une chose mais la peur nous empêche de l’atteindre. L’incapacité de saisir l’instant, la peur des responsabilités qu’entraîne un choix conscient. Garland devine qu’il quitte enfin cette barque à la dérive, l’eau morte de son inspiration, la source tarie de ses impulsions créatrices. Alors, qui prend ce train aujourd’hui, est-ce l’homme, est-ce l’auteur ? Ou bien ce néant à deux têtes, ce miracle bicéphale ? »



Rapidement, à propos de l'auteur


Hervé Mestron est un auteur français né en 1963 à Valence, qui écrit aussi bien des romans noirs que des livres pour enfants.


Photo Couverture : Amazon.fr

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