Trois questions à... Christine Spadaccini
La semaine dernière, je vous ai parlé du recueil de nouvelles, Existe en ciel. Malgré mon avis peu enthousiaste, son auteur, Christine Spadaccini, alias Kiki, a écrit un joli billet sur son blog à propos de mon billet, et surtout, elle a accepté de répondre à mes questions sur ses lectures ! Je laisse donc la parole à Kiki...
- Es-tu une grosse lectrice ?
Oh yes, je bouffe du book à tour de bras, je suis bouli-mots ! J’en lis trois par semaine au mini, un dans chacune de mes langues (français, anglais, espagnol). Cette semaine : « La cazadora de astros » de Zoé Valdés, « Un dimanche au cachot » de Patrick Chamoiseau et « The Brief Wondrous Life of Oscar Wao » de Junot Diaz.
- Comment choisis-tu tes lectures ?
Depuis quelques temps, en ce qui concerne la littérature française, principalement en parcourant les blogs, je passe piquer une idée dans la tour de Clarababel, un mille-feuilles parfum Amanda Meyre, chiper quelques Caro[lignes], je picore aussi chez La lettrine, dans les chroniques de Mandor et sur Strictement confidentiel…
- As-tu un auteur ou un livre culte ?
« Si ma tante se sentait agitée, elle demandait sa tisane et c’était moi qui étais chargé de faire tomber du sac de pharmacie dans une assiette la quantité de tilleul qu’il fallait mettre ensuite dans l’eau bouillante. Le dessèchement des tiges les avait incurvées en un capricieux treillage dans les entrelacs duquel s’ouvraient les fleurs pâles, comme si un peintre les eût arrangées, les eût fait poser de la façon la plus ornementale. Les feuillages, ayant perdu ou changé leur aspect, avaient l’air des choses les plus disparates, d’une aile transparente de mouche, de l’envers blanc d’une étiquette, d’un pétale de rose, mais qui eussent été empilées, concassées, ou tressées comme dans la confection d’un nid. Mille petits détails inutiles – charmante prodigalité du pharmacien – qu’on eût supprimés dans une préparation factice, me donnaient, comme un livre où l’on s’émerveille de rencontrer le nom d’une personne de connaissance, le plaisir de comprendre que c’était bien des tiges de vrais tilleuls, comme ceux que je voyais, Avenue de la Gare, modifiées, justement parce que c’étaient non des doubles mais elles-mêmes et qu’elles avaient vieilli.
Cette flamme rose de cierge, c’était leur couleur encore, mais à demi éteinte et assoupie dans cette vie diminuée qu’était la leur maintenant et qui est comme le crépuscule des fleurs. »
- Quel est ton dernier coup de coeur littéraire ?
Louis de Bernières, auteur anglais, dont j’ai récemment découvert le style jouissif, truculent et rempli d’humour, une vraie et belle verve romanesque au service d’histoires rocambolesques, pleines d’onirisme et de cette vision particulière de l’humanité, à la fois aimante et terriblement désabusée. Je recommande notamment sa trilogie sud-américaine : « The War of Don Emmanuel’s Nether Parts », « Señor Vivo and the Coca Lord », « The Troublesome Offspring of Cardinal Guzman ». Le premier est traduit chez Stock par Frédérique Nathan sous le titre « La guerre des fesses de Don Emmanuel ».
- Comment lis-tu ?
Je lis au lit, la nuit. J’aime réveiller les mots au halo léger de ma lampe de chevet et les voir me dire « hello », encore un peu endormis dans la chaleur des lignes, puis s’étirer longuement en paragraphes de satin, me sourire et finir par exploser les oreillers, bataille rangée au fil d’une belle plume, mes insomnies sont des romans et certains livres me font rêver plus que le sommeil …
13 commentaires:
De quel livre est extraitle passage cité, please?
En tout cas, ça donne envie de découvrir cette auteure !
J'allais poser la même question que Cathulu !!
Et comme elle, j'ai très envie de découvrir cette auteure ! ;-)
"Oh yes, je bouffe du book à tour de bras, je suis bouli-mots " voilà du kiki tout craché, dans lequel je me reconnais bien (je NOUS reconnais bien, nous, les compulsives).
En revanche j'imaginais Kiki dehors tôt le matin, assise devant un table, un café brulant posé à portée de main, les montagnes d'Auvergne au loin, un bouquin à la main...
Elle est rigolote, cette auteur ! Et lire en 3 langues dans la même semaine, chapeau !
@ Cathulu & Florinette : Alors ce passage est extrait de Du côté de chez Swann de Marcel Proust. (Merci Google ! (Pas la blogueuse mais le moteur de recherche !) (Et non, je n'ai jamais lu Proust... enfin si, j'ai vaguement tenté, il y a très longtemps... un bel échec au bout d'à peine quelques pages...))
@ Amanda : En effet, ce sont vraiment des réponses à la Kiki ! ;-) Et moi aussi, je me considère comme une bouli-mots. J'aime à dire une boulimique des livres, mais si Kiki l'autorise, je vais désormais utiliser l'expression bouli-mots !
Et donc un café très brulant car il fait froid en Auvergne... !!!
@ Tamara : Pour info, Christine est traductrice. (Corrige-moi, si je me trompe, Kiki !)
J'adore : "bouli-mots", "Caro[lignes]", "les voir me dire « hello »"...
Un(e) auteur(e) que je ne connaissais pas mais dont l'humour m'incite à essayer ...
Et hop, ma LAL s'agrandit :)
(Merci Caro pour l'entrevue et merci à "Kiki" pour s'être prêtée au jeu !)
Je reconnais bien là ma joueuse de mots préférée, bravo Kiki !
J'aime tes insomnies vagabondes et encore plus ta plume toute ronde ! Elle me tourne la tête, pour jouer la tête à l'envers, c'est bien plus rigolo !
@Cathulu et Florinette: je n'ai pas cité l'auteur à dessein, pour que son aura tellement immense ne vienne pas estomper les dessins si fins, si beaux, des volutes délicates qui s'élèvent de l'infusion unique de ses mots...
@Amanda: t'avais presque tout bon! Le matin, j'ai effectivement mon Dôme sweet (Puy de)Dôme dans ma ligne de mirettes mais je ne caféine pas, je m'endomorphine, je cours avec mon dog Swing aux petites heures du matin, ça donne toujours un bon tempo à ma journée! (en clair: ça calme mes petits nerfs!)
@Tamara: j'ai appris ces deux langues dans des circonstances bien particulières, l'anglais aux USA (j'en ai parlé ici: http://strictement-confidentiel.com/content/view/482/37/ et l'espagnol en Colombie, dans un contexte très spécial aussi, bourré d'émotions et d'expériences humaines inoubliables, alors je les entretiens, je les cajole, un peu comme si ces mots étrangers, petit pont suspendu entre deux temps, se donnaient la main pour me ramener vers ces lointains instants magiques...
@Caro: oui, je traduis mais ce n'est pas ma profession principale. A venir bientôt: "le passant chagrin" de Andrew Holleran. J'en ai parlé sur mon blog si cela intéresse quelqu'un(e):
http://christinespadaccini.hautetfort.com/archive/2008/01/18/le-passant-chagrin.html)
Sinon, Caro, of course, tu peux utiliser mon "bouli-mots", sans modération! ;)
@Carine: les mots sont mes legos, j'aime bien les monter et les démonter sans fin, des fois il en sort un truc pas trop moche et ça fait du bien à l'ego, cqfd! ;) Merci de ton intérêt!
@Nath: joueuse toi-même! A toutes je vous conseille d'aller découvrir le blog de Nath, plein de magnifiques photos-histoires et de mots imagés: http://www.dentelle-et-arsenic.com/
En plus, elle organise un concours!
Thanks again, muchachas! ;)
@ Carine : De rien !
@ Nath : Bienvenue ici ! Et je vais à mon tour aller découvrir ton site dont Kiki vante les mérites. :-)
@ Kiki : Merci ! ;-)
"Kiki, a écrit un joli billet sur son blog à propos de mon billet, et surtout, elle a accepté de répondre à mes questions"
Donc si j'ai bien compris...épisode 4 chez Kiki la semaine prochaine ? ;-)
(hé ! remets les commentaires de gens non-blogger, c'est pô juste sinon !)
@ LE GOLB : Je ne sais pas s'il y aura un épisode 4 chez Kiki la semaine prochaine... ;-)
Et je ne comprends pas ta remarque sur les commentaires de gens non-Blogger... Il me semble qu'il est toujours possible de laisser un commentaire, même si on n'est pas un blogueur Blogger, non ? En tout cas, ça a l'air possible à l'heure où j'écris ce commentaire.
Je fais un test pour Thom en laissant un commentaire comme si je n'étais pas une blogueuse Blogger...
Ca marche, Thom !
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