11 février 2007

N'oublie pas mes petits souliers - Joseph Connolly

Ca n'aura pas pris longtemps avant que je m'attaque à la suite de Vacances anglaises : N'oublie pas mes petits souliers !

Vous pouvez retrouver mon message sur Vacances anglaises ici.

4ème de couverture
Dans cette satire au vitriol de la vie et des mœurs contemporaines, on retrouve les personnages de Vacances anglaises, quelques mois après les événements survenus l’été précédent, autour d’un traditionnel repas de noël. Et cette période de fêtes va se révéler redoutable pour chacun d’eux : péripéties, adultères, drames et histoires d’amour torrides dont personne ne sortira indemne…
Après le mémorable Vacances anglaises, Joseph Connolly récidive dans ce roman qui souligne avec une incroyable verve langagière les frustrations, fantasmes coupables et troubles identitaires de la société britannique. Emotion, humour acide et catastrophes en série sont au rendez-vous !



Ce fut un plaisir de retrouver tous les personnages de Vacances anglaises, dans cet "épisode de Noël". J’ai aussi retrouvé le style de Connolly, son humour amer et toujours l’absurdité de ses personnages. Encore un bon petit moment… enfin pas si petit que ça puisque le roman fait quand même 500 pages dans l’édition de poche ! Bien sûr, il y a un petit truc en moins puisque N’oublie pas mes petits souliers n’a pas l’avantage de la découverte du style de Connolly. Mais cela m’a fait quand même fait plaisir de retrouver ces anglais farfelus pour une nouvelle tranche de vie !

Voici quelques extraits qui m’ont interpelé et qui peuvent vous donner un peu une idée du style de Connolly :

On commence avec un monologue intérieur de Melody :
« Si Dieu est aussi bon qu’on le prétend, pourquoi laisse-t-il son misérable univers se saloper sans arrêt – pendant que, le cul posé sur son nuage, il regarde sa créature se crever le train à nettoyer ce foutoir ? C’est d’ailleurs peut-être pour ça que seul le paradis reste toujours blanc (il n’est pas fou). »

Et là, un monologue intérieur d’Howard :
« Toutes ces histoires de comportement et d’intuitions – tout cela est tellement fatigant, selon moi. Selon moi, quand je suis avec quelqu’un, je ne fais qu’improviser, je m’en fiche – rien à faire si c’est la chose à dire ou pas, rien à faire de savoir ce qui va ou ne va pas arriver en retour, je balance le truc, point à la ligne. Parce que toutes ces histoires-là, ça vient des romans, n’est-ce pas ? De ces personnages qui savent, au fond d’eux-mêmes, qui, à n’importe quel moment, ont la connaissance non seulement des pensées et des sentiments des autres, mais aussi de tout leur destin à la con. Eh bien pas moi. Tout ce que je fais et tout ce que je dis, je le fais et le dis en… à… euh je le fais… oh là là, sans rien voir, comment, déjà – comment fait-on les choses, déjà ? Mon Dieu – ma pauvre tête. »

Au tour de Brian :
« Je ne sais pas si vous vous souvenez de cet écrivain dont j’ai déjà parlé – oh, il y a un bon moment, à présent. Celui qui habite dans la même rue que la pop star dont la poubelle m’avait fourni les sous-vêtements, je ne sais pas si vous voyez. Oui – eh bien, j’ai fait quelques recherches sur notre ami écrivain, à la bibliothèque ; finalement, il a deux romans à lui dans les rayons, et ce n’est pas du tout mon truc – pas le temps de lire de la fiction ; j’apprécie un bon récit de guerre ou une biographie, ou un récit de voyage. J’ai eu l’impression que ses romans parlaient de gens à problèmes, et assez égoïstes (j’ai juste feuilleté, comme ça), qui semblaient pour la plupart obsédés par le sexe ; il ne fait aucun doute qu’il y a une clientèle pour ce genre de truc. Au dos du livre, on disait que c’était un des auteurs les plus drôles de Grande-Bretagne, mais moi, ça ne m’a pas arraché un sourire. »
J'aime beaucoup ce passage où Connolly nous fait un clin d’œil à lui-même !

Voici un dialogue entre John et Tara, sa patronne, à propos de Lulu, la femme de John.
« - (…) à propos de livres, Lulu m’a dit un jour qu’elle détestait tous les romans, maintenant, à cause de la fin.
- De la fin ? Mais…
- C’est exactement ce que j’ai dit : Mais Lulu, la fin est toujours différente, non ? Enfin je veux dire, c’est tout l’intérêt, non ? Et elle m’a répondu Non, non – je ne parle pas de la fin en soi, mais du fait qu’on arrive à la fin, c’est ça que je veux dire. Quand il n’y a plus beaucoup de pages à tourner, on sait que c’est presque terminé – et si un personnage est vieux et malade, par exemple, on sait qu’il va mourir dans pas longtemps. Et si un autre personnage dit qu’il va émigrer au Canada ou je ne sais où, on sait qu’on ne le verra plus, parce que l’auteur a trouvé ce moyen-là pour se débarrasser de lui – et on pourra pas le suivre au Canada : il ne reste simplement plus assez de pages.
»
C’est tellement vrai ! Mais pour moi, ce n’est pas une raison pour détester tous les romans ! Je me demande si les éditeurs ne devraient pas rajouter plein de pages blanches à la fin de l’histoire, pour que justement nous ne nous attendions pas à la fin.


ATTENTION ! La suite du message est plus pour ceux qui auraient déjà lu ce livre car je risque de révéler quelques petites choses…

La fin se termine comme une scène de théâtre, le point d’apothéose où tous les personnages se retrouvent au même endroit et où tous les petits secrets sont révélés. Ces derniers chapitres, je les ai vraiment lus comme une pièce de théâtre.En revanche, bien que ce soit la fin puisque bon, forcément, il n’y a pas d’autres pages, mais aussi parce que tout est révélé, nous n’en saurons pas plus sur les conséquences de ces révélations. On pourrait se sentir un peu frustré… mais non, je n’ai pas cette sensation car justement Joseph Connolly me laisse le plaisir d’imaginer moi-même ce qu’il peut se passer, car je me sens proche de ces personnages dans le sens où je les côtoie depuis 1000 pages, alors ça crée des liens. Mais d’un autre côté, je n’aurai la prétention de dire que je sais ce qu’il se passerait si le roman avait continué. Mais je peux me plaire à l’imaginer et cette idée elle-même me plaît…



Photo Couverture : Amazon.fr

3 commentaires:

Anonyme a dit…

J'avais tenté de lire ce livre il y a plusieurs années... Je n'ai pu dépasser quelques 50-60 pages... J'avais tellement de mal à suivre et à m'attacher aux personnages... :S

Serais-je hermétique à l'humour de Connolly? Je ne sais pas... Peut-être à retester éventuellement!

Caro[line] a dit…

To Allie :

En effet, Connolly a un humour particulier et il m'a fallu un peu de temps pour y accrocher. Mais j'ai fait l'effort (j'étais de bonne humeur ce jour là !) et je ne le regrette pas.

Je suis partagée entre te pousser vraiment à tenter de lire un Connolly et en même temps, je sais que c'est difficile quand on n'accroche pas à un livre (au style ou aux personnages, etc.) de se forcer... La lecture doit rester un plaisir !

Par contre, je te conseillerai plutôt de commencer par Vacances anglaises, qui précède celui-là, et dont je parle dans un message précédent.

Anonyme a dit…

Merci Caro[line]! C'est vrai que de se forcer pour lire un livre qui ne nous plaît pas, c'est pas terrible...

Peut-être que je tenterai à nouveau Connolly un de ces jours, s'il croise ma route! (Pas Connolly mais un de ses livres...) ;)