21 février 2007

Carte blanche à Fabrice Luchini


Mardi dernier, nous sommes allés voir Fabrice Luchini au Théâtre de la Villette.

Voici ce qu'il est écrit sur le tract qui traînait à l'entrée du théâtre :
"Le Théâtre Paris-Villette accueille cette série de lectures avec Fabrice Luchini. Nous sommes heureux de partager avec vous ce moment exceptionnel de poésie qui en partant de Paul Valéry nous emmène jusqu'à Molière en passant pas l'incontournable sémiologue des années 80, Roland Barthes."

C'est la deuxième fois que nous allons voir des lectures de Fabrice Luchini. La première fois, c'était au Théâtre du Montparnasse où il nous avait récité des passages de Voyage au bout de la nuit de Céline. L'expérience avait été mitigée : Fabrice Luchini qui récite, c'était super, il nous a fait quelques moments-Luchini drôles, mais on le sentait extrêmement fatigué, au bout du rouleau, et il était très très irritable, très sarcastique.

Mais cela ne nous a pas empêché d'y retourner une deuxième fois. :o)

Cette fois, point positif, on le sentait extrêmement détendu. Une dizaine de personnes est arrivée en retard, il nous avait déjà lu un long texte de Paul Valéry. Et il a plaisanté ! Un téléphone a sonné en plein milieu de la pièce : idem ! Pendant le rappel, une femme est sortie de la salle en passant de vant lui alors qu'il était en train de parler : idem ! Et enfin, quelqu'un a crié "Johnny !" (les gens adorent quand Luchini fait Johnny !). Là aussi, il a eu la "zen attitude".

Mais j'en suis (encore) ressortie avec un avis mitigé. Cette fois, c'est parce que j'ai ressenti un décalage énorme entre ce que le spectacle annonce - des lectures de textes - et ce pour quoi les gens viennent. Les gens voulaient du Luchini avant tout. Je peux comprendre, mais les gens veulent plus du Luchini que (re)découvrir des textes, des auteurs. Je l'avoue, je suis venue aussi pour avoir du Luchini, mais je suis d'abord, et avant tout, venue pour découvrir des textes, des auteurs, savoir pourquoi aussi il a choisi ces textes. Peut-être étions-nous plusieurs dans ce cas-là, mais j'ai quand même eu l'impression que la majorité du public n'était pas dans cet état d'esprit. C'est dommage...

Fabrice Luchini en joue aussi ! Peut-être n'a-t-il pas trop le choix ? Peut-être en a-t-il pris son parti ? Peut-être est-ce impossible d'avoir Luchini seul sur scène et que les gens ne viennent que pour des textes ? Peut-être cela l'amuse-t-il ? Peut-être en joue-t-il ?
En tout cas, quand quelqu'un a crié "Johnny !", il a répondu : "La bêtise n'est pas mon fort." Je trouve cette réplique superbe !

Bon, sinon, revenons au contenu de ses lectures... :o)

Il nous a lu des extraits de Tel quel de Paul Valéry, des Fragments du discours amoureux de Roland Barthes, des Femmes savantes de Molière, de Flaubert (je ne sais pas de quel roman) et un poème de Rimbaud. J'ai beaucoup aimé Paul Valéry et Roland Barthes, que je connaissais juste de nom. Le soir-même, ils étaient sur ma LAL. Malheureusement, ils n'était pas à la FNAC... mais je les ai commandés sur le net !

On a eu aussi à des purs moments-Luchini quand il nous a parlé d'un de ses premiers films, Perceval le Gallois (fiche Allociné), et de sa rencontre avec Roland Barthes. Ce sont de très bons moments où Luchini est Luchini à fond et où il nous fait rire !

J'adore lire mais il est agréable aussi de se faire lire un texte, surtout quand la personne souligne les passages qu'elle trouve elle-même intéressant, fort ou émouvant. Fabrice Luchini est très fort à ce jeu ! C'est du bonheur.

La lecture orale est une nouvelle façon d'aborder un texte. J'aimerais bien aller à d'autres lectures. Je lance un appel : connaissez-vous de tels événements sur Paris ?

En attendant que je vous parle de Paul Valéry et Roland Barthes (une fois que je les aurai lus), voici deux citations que j'aime beaucoup, tirées de Tel quel de Paul Valéry :

"La plupart des hommes ont de la poésie une idée si vague que ce vague même de leur idée est pour eux la définition de la poésie."

"Les mots sont des planches jetées sur un abîme avec lesquelles on traverse l'espace d'une pensée."

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour

Un peu triste que tu n'aies pas parlé de ce spectacle sur Quoide9...

Bises

Cécile

Bonjour

Je ne sais pas ce que sont les LCA ou les LAL ou encore les PAL, tout ce que je sais c'est que je vous recommande à toutes et à tous et plus que chaleureusement "mother Tongue" de Bill Bryson et "Le chameau Sauvage" de Philippe Jeanada.

Tous les deux sont brillants et drôles, le premier est un livre de linguistique anglaise mais de ce propos qui peut paraître rébarbatif, l'auteur réussit à faire un sujet passionnant tant il possède d'érudition et d'humour.

"Mother Tongue" est un délice qui vous permettra en outre de découvrir à quel point notre langue est proche de la langue britannique (et inversement !!!).

"Le chameau sauvage" est un premier roman hilarant et grave à la fois qui a obtenu le prix de Flore et que j'ai offert un nombre incalculable de fois. En tapant "Jeanada" sur Google, allez visiter son site perso où vous pourrez lire quelques extraits des livres de l'auteur et même lui écrire.

@ +

Cécile

Ma liste à moi que j'aimeuh beaucoup http://fr.groups.yahoo.com/group/Quoide9
(critiques ciné, théâtre, livres, musique, expos, restos...)

Caro[line] a dit…

To Cécile :

J'ai rectifié mon erreur en envoyant un message à propos de Luchini sur Quoide9 !

C'est toi, Cécile, qui m'a donné envie de lire Le chameau sauvage de Philippe Jaenada et Mother Tongue de Bill Bryson. :o)

Et je ne suis pas déçue quant au premier ! Je suis en train de lire Le chameau sauvage et je passe de supers moments à sa lecture ! J'adore le style de Jaenada. Comme vous le dit Cécile, allez sur son site (http://www.jaenada.com/), vous trouverez des extraits de ses romans, des infos, son actualité, etc.

Anonyme a dit…

"la bêtise n'est pas mon fort" ce n'est pas une réplique de lucchini, c'est une citation de paul valéry, justement, qui ouvre "Monsieur Teste"

Caro[line] a dit…

@ Anonyme :
Merci pour cette precision ! (Peut-etre que Luchini l'avait precise lui-meme, mais je ne m'en souvenais pas.)

Anonyme a dit…

Je cherche désespérément dans quel livre/Titre Valéry a écrit ;
"Les mots sont des planches jetées sur un abîme avec lesquelles on traverse l'espace d'une pensée."

Qui pourra me sauver?

MERCI!

Anonyme a dit…

Je cherche désespérément dans quel livre/Titre Valéry a écrit ;
"Les mots sont des planches jetées sur un abîme avec lesquelles on traverse l'espace d'une pensée."
Ce n'est pas Tel Quel ni Monsieur Teste..

Qui pourra me sauver la vie?

MERCI!

Gérard

guepard1@mac.com

Caro[line] a dit…

@ Gérard : De ce que j'avais compris, c'était extrait de Tel Quel... il faudrait que je vérifie dans l'exemplaire que j'ai à la maison !