Le chameau sauvage - Philippe Jaenada
Cela fait un moment que Cécile de Quoide9 parlait de ce roman. C’est pourquoi, quand il a fallu que je trouve un auteur dont le nom commence par la lettre J pour mon challenge ABC 2007, j’ai tout de suite pensé à Philippe Jaenada et son fameux chameau sauvage.
4ème de couverture
Halvard Sanz est un gentil garçon. Signe particulier: doué pour les catastrophes en série. Il y a des gens qui n'ont pas de chance, mais qui, genoux à terre, toujours se relèvent. Halvard est de ceux-là. Quête initiatique, roman picaresque, amour allégorique, loufoques aventures servies par une verve intarissable... Mais le chameau sauvage, dans tout ça ? Quand vous en connaîtrez le principe, comme Halvard, vous verrez la vie différemment.
« Philippe Jaenada possède un art consommé de la mise en scène burlesque qui, au hasard de situations abracadabrantes, parle avec élégance du malaise existentiel contemporain. »
Jean-Rémi Barland – Lire
Mon blah blah
Notamment son usage abusif des parenthèses pour faire des apartés, voire des apartés d’apartés. C’est génial !
Un petit exemple :
« J’ouvre (la porte ne grince pas mais ça ne gâterait rien) et me retrouve face à la scène la plus abominable à laquelle puisse assister celui qui tient à sa cuisine comme à la prunelle de ses yeux (ce n’est pas on cas, mais je projette – c’est pour la question dramatique (si j’écris : « J’ouvre et me retrouve face à une scène un peu contrariante », c’est la déception) (et puis j’aimais bien ma cuisine, tout de même)). »
On peut voir aussi dans cet extrait comment le narrateur s’adresse directement à nous, lecteurs, comment il prend du recul par rapport à sa propre narration et nous explique pourquoi il dit tel ou tel mot ou utilise telle ou telle expression.
Comme aussi dans cet extrait suivant :
« Le plus sérieusement du monde, la Brute m’a pris les couilles à pleine main (qu’on me pardonne le terme, mais dans cette situation, Racine lui-même n’aurait pas dit autre chose). »
De plus, il fait des comparaisons excellentes comme :
« Je me sentais comme le dernier cornichon au fond du bocal, dédaigné, oublié là parmi les grains de moutarde et les sales petits oignons, le cornichon que personne ne va chercher dans la saumure. »
ou
« gai comme un paquet d’algues noires »
Il faut y penser à ces images, non ? J'adore !
Je me suis laissée entraîner dans les galères d’Halvard avec un réel plaisir grâce à ce style nouveau. J’ai beaucoup souri et pas mal ri à la lecture de certains passages. J’ai relevé beaucoup de phrases, d’expressions, voire même des paragraphes entiers que je trouve géniaux. Ce livre est très drôle mais en même temps, c’est triste, révoltant par moment, plein de désespoir. C’est la vie.
Et puis j’ai eu un passage à vide… Je n’arrivais plus à accrocher à l’histoire d’Halvard, à sa descente aux enfers, j’ai ramé… mais j’ai continué à ramer pour finalement retrouver un peu d’entrain ! Mais je l’avoue, ça a été un peu laborieux. Je ne sais pas si ça vient d’une lassitude face à l’histoire ou au style Jaenada, ou tout simplement d’une lassitude personnelle dans mes lectures en général. En tout cas, je suis déçue… je m’en veux d’avoir eu ce passage à vide car je suis vraiment emballée par le style Jaenada ! Je pense qu’il faudra que je retente sa lecture d’ici quelques temps, peut-être avoir avoir lu d'autres de ses romans.
Et la fin est sérieuse. Non pas que le début ne l’était pas, mais le narrateur se pose, réfléchit beaucoup. J’y ai moins retrouvé le style Jaenada fait de parenthèses et d’humour, que j’avais adoré dès le début du livre. Tout devient plus sérieux : son style, en même temps que l’histoire. Je ne m’attendais pas à ça, je m’attendais à finir sur la même dynamique que le début.
Mais surtout que ce petit refroidissement que j’ai eu sur la fin ne vous enlève pas l’envie de lire Philippe Jaenada car je pense que c’est un auteur qui mérite à être découvert si vous ne le connaissez pas encore. Son style est vraiment original et je l’ai adoré ! Je vais continuer à le lire, et notamment j'enchaînerai avec Néfertiti dans un champ de canne à sucre, son deuxième roman.
La cerise sur le gâteau
Voilà ce que David Foekinos* – mon auteur « chouchou » – dit de Philippe Jaenada sur le blog qu’il tient sur Livres Hebdo (http://www.livreshebdo.fr/weblog/webLogComments.aspx?idTxt=81&id=18&) :
« Le bon Jaenada qui traîne tout son talent dans un mythique baluchon fait partie des écrivains que j’aime à la vie à la mort. »
Et voici un bon résumé du style Jaenada fait par David Foenkinos :
« Philippe, c’est un condensé d’humanité dans un monde boursouflé de parenthèses. Son style inimitable (sauf par moi (chut, je suis en train de vous le faire en toute discrétion (semi-érotique))) est une sorte de grâce discrète. »
Début du roman (pour vous en donner un avant-goût)
« Un jour, ce n'est rien mais je le raconte tout de même, un jour d'hiver je me suis mis en tête de réparer le radiateur de ma salle de bains, un appareil à résistances fixé au-dessus de la porte. Il faisait froid et le radiateur ne fonctionnait plus (ces précisions peuvent paraître superflues : en effet, si le radiateur avait parfaitement fonctionné, un jour de grande chaleur, je ne me serais sans doute pas mis en tête de le réparer - je souligne simplement pour que l'on comprenne bien que ce premier dérapage vers le gouffre épouvantable n'était pas un effet de ma propre volonté, mais de celle, plus vague et pernicieuse, d'éléments extérieurs comme le climat parisien ou l'électroménager moderne : je ne suis pour rien dans le déclenchement de ce cauchemar). Dans le domaine de la réparation électrique, et d'ailleurs de la réparation en général, j'étais tout juste capable de remettre une prise débranchée dans les trous. Pas de prise à ce radiateur, évidemment. Mais je ne sais pas ce qui m'est passé sous le crâne ce jour-là, je me suis cru l'un de ces magiciens de la vie pour qui tout est facile (il faut dire que jamais encore je n'avais été confronté à de réels obstacles, ni dettes faramineuses, ni chagrins d'amour, ni maladies graves, ni problèmes d'honneur avec la pègre, ni pannes de radiateur, rien, peut-être un ongle cassé - alors naturellement, j'étais naïf). »
A propos de l'auteur
Allez lire son (auto)biographie qu'il a écrite lui-même sur son site web :
http://www.jaenada.com/bio.php
Philippe Jaenada a écrit 5 romans :
- Le chameau sauvage (1997)
- Néfertiti dans une champ de canne à sucre (1999)
- La grande bouche molle (2001)
- Le cosmonaute (2002)
- Vie et mort de la jeune fille blonde (2004)
Et son dernier livre, Les brutes , illustré de dessins de Dupuy et Berberian, est paru à la fin de l'année dernière.
N'hésitez pas à aller sur son site (http://www.jaenada.com/) où vous trouverez plein d'infos sur son actualités, ses romans, ses autres écrits. Vous pourrez aussi y lire des extraits de ses romans.
* Petit message personnel à l'attention de David Foenkinos (on ne sait jamais, si vous veniez à passer par là...) : A quand votre site Internet comme l'a fait Philippe Jaenada ? Afin qu'on puisse savoir tout sur vous, connaître et suivre votre actualité en temps réel, etc.
Photo Couverture : Amazon.fr
5 commentaires:
Il y a des livres comme cela que l'on trouve très bien au début et puis l'enthousiasme s'effiloche au fur et à mesure que la fin approche.
Mais comme tu le dis, il ne faut pas rester sur une déception et retenter avec un autre livre de l'auteur !
To Florinette :
En fait, je n'arrive pas à savoir si cette déception vient du livre en lui-même ou de moi... car il arrive aussi parfois, en lecture, que ce ne soit pas le bon moment.
cela dit le blog de Foenkinos n'est pas mal non plus et même plus complet que le site de Jaenada.
@ +
Au fait, ça y est je suis sur myspace :)
http://www.myspace.com/quoide9cecile
@ Cécile Qd9 :
Disons que ces 2 sites sont totalement différents... J'aimerais bien que David Foenkinos ait un site comme celui de Philippe Jaenada avec des articles sur ses différents livres et une page permettant de connaître ses dernières infos !
Et j'ai vu que tu étais sur MySpace maintenant. Manque plus que Facebook et tu seras à la pointe de la communauté Internet ! ;-)
sur le point de le terminer...
emballé au début, puis doutant d'aller au bout... et puis de nouveau prise dans cette histoire sans queue ni tête... une lecture en montagnes russes...
j'essaierai de lire un autre livre de l'auteur... puisque Cécile me l'a recommandé.
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