28 février 2007

Le monde sans les enfants - Philippe Claudel

Voici la lettre C de mon challenge ABC 2007. Un livre de plus choisi après en avoir entendu parler par Florinette (son avis ici)

4ème de couverture

Vingt histoires, à dévorer, à murmurer, à partager
Vingt manières de rire et de s’émouvoir
Vingt prétextes pour penser à ce que l’on oublie et pour voir ce que l’on cache
Vingt chemins pour aller du plus léger au plus sérieux, du plus grave au plus doux
Vingt façons de se souvenir de ce qu’on a été et de rêver à ce que l’on sera
Vingt regards pour saisir le monde, dans sa lumière et dans ses ombres
Vingt raisons de rester des enfants ou de le redevenir
Vingt sourires
Vingt bonheurs
Vingt battements de coeur

« Fin du 4ème de couverture »


Ce livre est un recueil d'histoires. D'histoires pour enfants, qui sont plus adultes qu'on ne peut le penser. D'histoires pour adultes, qui sont, au fond, encore des enfants.

« le problème, voyez-vous, c’est que quand on est grand, on oublie, on oublie presque tout, et on oublie surtout qu’on a été enfant » (Le monde sans les enfants)


J'ai passé un bon petit moment à la lecture de ces histoires !

Il y en a des légères comme celle où des petits enfants réclament une histoire à leur grand-père (Les histoires) ou celle de la fée « has-been » (Le dur métier de fée).

Des poétiques comme Papa, raconte-moi le monde (j’ai beaucoup aimé cette histoire où un papa répond aux questions de son enfant, « Dis Papa c’est quoi le monde ? », « Dis Papa c’est quoi le fleurs ? », etc.) ou Jaimé ou Les mois de mai.

Des toutes folles comme celle où Philippe Claudel a inventé des nouveaux mots : « Glupe, puisque vous chalamosse, Monsieur le Commumuche, je vais tout vous poupouter ! » (Dégougouillez-moi bien !)

Des moins légères, voire même sérieuses, très sérieuses comme l'histoire de Wahid qui n’ « habite pas très loin de chez toi, dans une grande ville qui s’appelle Bagdad » et qui comme nous doit faire attention quand il traverse une rue aux voitures, enfin « celles qui sont arrêtées, immobiles, avec personne dedans, parce que de celles-là, il y en a tous les jours qui explosent, sans prévenir. » (Le petit voisin)

Une de mes histoires préférées, c’est Le garçon qui entrait dans les livres. Ce garçon, c’est Lucas, « malingre et binoclard », que ses copains d’école embêtent et que sa famille n’aime pas. Sa vie a changé le jour où sa maîtresse lui a tendu un livre en lui disant : « Tiens, avait-elle dit, tu ne seras plus jamais seul. » « Lucas l’avait pris, ouvert, avait lu le premier mot, la première phrase et soudain, pffffttttt, il avait été comme aspiré ! Il était entré dans le livre, d’un coup, comme s’il avait plongé sur un toboggan qui n’en finissait pas. » Depuis il se réfugie dans les livres et tout disparaît autour de lui. Elle me touche car je ressens la même chose quand j’ouvre un livre : je suis aspirée et j’oublie tout ce qui se passe autour de moi. C’est d’ailleurs comme cela que je supporte les transports parisiens ! J’ouvre mon livre et j’oublie le métro et son horrible sonnerie, le bus, le train et son roulis, les gens autour de moi, le trajet qui peut paraître long quand on ne fait rien et qui est trop court quand je lis !

Philippe Claudel s’est fait plaisir et nous fait plaisir en alternant ces histoires aux styles différents et aux sujets différents. C’est plein de sagesse, d’espièglerie, de fantaisie, d’humour, de tendresse.

Petit bémol… Le livre est parsemé de dessins de Pierre Koppe. Juste en le feuilletant, je trouvais cela sympa. Puis à mieux les regarder, je suis un peu déçue. Ils sont joliment colorés, mais je n’aime pas le style des personnages. Dommage…



Photo Couverture : Amazon.fr

26 février 2007

Lâchons les chiens - Brady Udall

Voici la lettre U de mon challenge. C'est suite au message d'Hilde (ici) que je l'ai choisi !


4ème de couverture

« Cet écrivain-là n’est pas seulement un mystère – qui est-il ? d’où vient-il ? où va-t-il ? –, c’est un cas. Un talent fou pour planter le décor, y faire vivre des personnages plus humains que nature et les mener – comme il mène le lecteur – avec douceur, vers un destin surprenant : à la fois improbable et si bêtement plausible… Il lui suffit de onze nouvelles pour affirmer son univers littéraire : raconter des bouts de vie ordinaire dans des bleds de l’Utah ou de l’Arizona. Comme chez Raymond Carver ou Jim Harrison, il y a de l’humilité dans l’écriture de Brady Udall. »

Martine Laval, Télérama

« Brady Udall a le sens de l’inattendu et de l’imprévisible, il surprend le lecteur en permanence par des tours et détours où la drôlerie et la compassion se mêlent étrangement. »

Martine Silber, Le Monde des livres



« Fin du 4ème de couverture »

Titre original
: Letting Loose the Hounds



Lorsque je lis, j’aime me laisser entraîner par une histoire, m’attacher aux personnages et à ce qu’ils vivent. Pour cela, j’estime qu’il faut du temps, c’est-à-dire qu’il faut des mots, beaucoup de mots pour y arriver. C’est pourquoi, dans mon message sur Aime-moi, por favor ! de Lucía Etxebarría, je disais que le format des nouvelles n’est pas approprié pour que j’arrive à me plonger dans un univers.

Hé ben j’avais tort et c’est Brady Udall qui me l’a prouvé à travers ses onze nouvelles ! Malgré que ces textes soient courts, j’ai su rapidement m’attacher aux personnages et me plonger dans leurs histoires. Il nous parle de gens ordinaires, blessés, maltraités par la vie. C’est touchant, révoltant, triste.

Maintenant, je souhaite lire un roman de Brady Udall, afin d’être plongée dans une seule et même histoire, suivre des personnages pendant de longues pages, pendant plus de pages que pour une simple nouvelle. Et je pense que mon choix se portera sur Le destin miraculeux d’Edgar Mint.


Photo Couverture : Amazon.fr

25 février 2007

Nouvelle enquête sur les LCA : La généalogie du lecteur

Chers et chères LCA,
Après l'enquête sur votre âge menée par Hilde (par ici si vous n'y avez pas encore répondu !), Flo mène une enquête sur votre généalogie, ICI.

24 février 2007

Le livre des illusions - Paul Auster

Voici la lettre A de mon challenge ABC 2007. Un véritable coup de cœur ! J’ai lu les 200 premières pages cette semaine dans les transports en allant au travail et je viens de lire les 200 dernières, aujourd’hui, chez moi. Cela faisait longtemps que ce ne m’était pas arrivé de me poser pour lire. D’habitude, je dévore les romans dans les transports en commun seulement. Mais là, j’ai été happée par cette histoire !


4ème de couverture

Après la mort de sa femme et de ses enfants, David Zimmer est anéanti.

Pour tenter d’échapper au désespoir, il se lance à corps perdu dans l’écriture d’un livre consacré à Hector Mann, un virtuose du cinéma muet porté disparu depuis 1929.

L’ouvrage publié, David accepte de traduire les Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand et s’enferme, au milieu de nulle part, pour affronter l’ampleur de sa tâche. C’est alors qu’une jeune femme ayant pour mission de le conduire auprès d’Hector Mann débarque chez lui et, sous la menace, lui impose un très long voyage. Malgré l’improbabilité de cette histoire, David se laisse entraîner…

Racontée par la jeune femme, retrouvée par David et à nouveau perdue, l’histoire de l’extraordinaire et mystérieux Hector Mann est le fil conducteur de ce roman. Mais la puissance narrative de Paul Auster nous entraîne bien au-delà de la magie du cinéma muet et porte ce livre au cœur d’un univers envoûtant où la création artistique semble faire écho aux sentiments amoureux dans ce qu’ils ont de plus éphémère et de plus fragile, où la douleur de la perte et le besoin de filiation se répondent pour remettre en question l’idée même de mémoire.


« Fin du 4ème de couverture »


Voici un roman ca-pti-vant ! J’ai suivi David Zimmer dans sa déroute suite à la morte de sa femme et de ses deux garçons et dans sa quête des films muets d’Hector Mann. J’ai été captivée par le récit de la vie d’Hector Mann. Lors des descriptions des films, j’avais l’impression de voir la pellicule défiler sous mes yeux. Et tout cela, je le dois au talent de Paul Auster, à sa « puissance narrative » comme il est dit dans le 4ème de couverture. Il n’y a aucune question à se poser, juste à se laisser entraîner par son écriture. C'est fascinant, en fait. Comment arrive-t-il à nous raconter de telles histoires de cette manière si forte ? Car les histoires qu'il nous raconte sont surprenantes, imprévisibles et magnifiques.

Ce roman m’a fait le même effet, m’a captivé de la même manière que m’avait captivé Brooklyn Follies (de Paul Auster aussi). On est entraîné par l’histoire, on s’attache aux personnages. C’est énorme ! J’adore et je vais donc continuer à lire du Paul Auster. :o)

Un grand merci à Flo et Florinette, les deux blogueuses de l'Austerblog ! C'est suite à l'article Par quoi commencer ?
que j'ai choisi ce roman. Retrouvez leur message à propos de ce roman ici.


Extraits

« La vie était un de ces rêves nés de la fièvre, il s’en apercevait, et la réalité un univers sans fondement, un monde de chimères et d’hallucinations, où tout ce que l’on imaginait se réalisait. »

« C’est ça qui rend son histoire tellement impossible, David. C’est qu’il m’a dit la vérité. »

23 février 2007

Ma dernière descente à la FNAC...

Ma dernière descente à la FNAC a été terrible pour ma PAL ! Comme Tel quel de Paul Valéry et Fragments du discours amoureux de Roland Barthes n'étaient pas en rayon, je me suis vengée sur d'autres livres. :o)

De la poésie pour commencer. Des classiques.


Calligrammes de Guillaume Apollinaire



Les Fleurs du Mal
de Charles Baudelaire




Poésies. Une saison en enfer. Illuminations d'Arthur Rimbaud



Je découvre cette collection Poésie/Gallimard (nrf). Je trouve ces couvertures très belles. Simples, et belles.



Et puis des romans de mon challenge. Forcément ! :o)


Le chameau sauvage de Philippe Jaenada


(Challenge Lettre J)


Nouvelles orientales de Marguerite Yourcenar


(Challenge Lettre Y)


Prenez soin du chien de J.M. Erre


(Challenge Lettre E)

[J'adore cette couverture !]


Le monde sans les enfants de Philippe Claudel

(Challenge Lettre C)


Photos Couvertures : Amazon.fr
Sauf pour Rimbaud : Gallimard.fr

21 février 2007

Carte blanche à Fabrice Luchini


Mardi dernier, nous sommes allés voir Fabrice Luchini au Théâtre de la Villette.

Voici ce qu'il est écrit sur le tract qui traînait à l'entrée du théâtre :
"Le Théâtre Paris-Villette accueille cette série de lectures avec Fabrice Luchini. Nous sommes heureux de partager avec vous ce moment exceptionnel de poésie qui en partant de Paul Valéry nous emmène jusqu'à Molière en passant pas l'incontournable sémiologue des années 80, Roland Barthes."

C'est la deuxième fois que nous allons voir des lectures de Fabrice Luchini. La première fois, c'était au Théâtre du Montparnasse où il nous avait récité des passages de Voyage au bout de la nuit de Céline. L'expérience avait été mitigée : Fabrice Luchini qui récite, c'était super, il nous a fait quelques moments-Luchini drôles, mais on le sentait extrêmement fatigué, au bout du rouleau, et il était très très irritable, très sarcastique.

Mais cela ne nous a pas empêché d'y retourner une deuxième fois. :o)

Cette fois, point positif, on le sentait extrêmement détendu. Une dizaine de personnes est arrivée en retard, il nous avait déjà lu un long texte de Paul Valéry. Et il a plaisanté ! Un téléphone a sonné en plein milieu de la pièce : idem ! Pendant le rappel, une femme est sortie de la salle en passant de vant lui alors qu'il était en train de parler : idem ! Et enfin, quelqu'un a crié "Johnny !" (les gens adorent quand Luchini fait Johnny !). Là aussi, il a eu la "zen attitude".

Mais j'en suis (encore) ressortie avec un avis mitigé. Cette fois, c'est parce que j'ai ressenti un décalage énorme entre ce que le spectacle annonce - des lectures de textes - et ce pour quoi les gens viennent. Les gens voulaient du Luchini avant tout. Je peux comprendre, mais les gens veulent plus du Luchini que (re)découvrir des textes, des auteurs. Je l'avoue, je suis venue aussi pour avoir du Luchini, mais je suis d'abord, et avant tout, venue pour découvrir des textes, des auteurs, savoir pourquoi aussi il a choisi ces textes. Peut-être étions-nous plusieurs dans ce cas-là, mais j'ai quand même eu l'impression que la majorité du public n'était pas dans cet état d'esprit. C'est dommage...

Fabrice Luchini en joue aussi ! Peut-être n'a-t-il pas trop le choix ? Peut-être en a-t-il pris son parti ? Peut-être est-ce impossible d'avoir Luchini seul sur scène et que les gens ne viennent que pour des textes ? Peut-être cela l'amuse-t-il ? Peut-être en joue-t-il ?
En tout cas, quand quelqu'un a crié "Johnny !", il a répondu : "La bêtise n'est pas mon fort." Je trouve cette réplique superbe !

Bon, sinon, revenons au contenu de ses lectures... :o)

Il nous a lu des extraits de Tel quel de Paul Valéry, des Fragments du discours amoureux de Roland Barthes, des Femmes savantes de Molière, de Flaubert (je ne sais pas de quel roman) et un poème de Rimbaud. J'ai beaucoup aimé Paul Valéry et Roland Barthes, que je connaissais juste de nom. Le soir-même, ils étaient sur ma LAL. Malheureusement, ils n'était pas à la FNAC... mais je les ai commandés sur le net !

On a eu aussi à des purs moments-Luchini quand il nous a parlé d'un de ses premiers films, Perceval le Gallois (fiche Allociné), et de sa rencontre avec Roland Barthes. Ce sont de très bons moments où Luchini est Luchini à fond et où il nous fait rire !

J'adore lire mais il est agréable aussi de se faire lire un texte, surtout quand la personne souligne les passages qu'elle trouve elle-même intéressant, fort ou émouvant. Fabrice Luchini est très fort à ce jeu ! C'est du bonheur.

La lecture orale est une nouvelle façon d'aborder un texte. J'aimerais bien aller à d'autres lectures. Je lance un appel : connaissez-vous de tels événements sur Paris ?

En attendant que je vous parle de Paul Valéry et Roland Barthes (une fois que je les aurai lus), voici deux citations que j'aime beaucoup, tirées de Tel quel de Paul Valéry :

"La plupart des hommes ont de la poésie une idée si vague que ce vague même de leur idée est pour eux la définition de la poésie."

"Les mots sont des planches jetées sur un abîme avec lesquelles on traverse l'espace d'une pensée."

19 février 2007

La librairie américaine Brentano's @ Paris

Ce week-end, nous nous sommes baladés dans Paris et nos pas nous ont mené avenue de l'Opéra. Et là, nous sommes tombés sur la librairie Brentano's, une librairie américaine. Là-bas, vous y trouvez plein de romans en langue anglaise, en version de poche et pas de poche. Des thrillers, des classiques, de la chick-lit, de la science-fiction, etc... Il y a bien plus de choix qu'au rayon VO de la FNAC !

En voyant toutes ces couvertures, j'ai remarqué que les éditeurs américains (ou anglais, je ne sais pas bien) n'étaient pas très forts en couverture. Je trouve leurs couvertures bien moins travaillées, moins originales, pas très alléchantes, pas aussi belles que celles des éditeurs français. Il y a moins de diversité, je suis bien moins tentée que devant les éditions françaises où des fois, c'est la couverture d'un bouquin qui m'attire et qui va me faire découvrir un auteur, un livre.

Mais bon, cela ne m'a pas empêcher de craquer et de ressortir avec 2 romans. :o)

Pride & Prejudice de Jane Austen
Un classique anglais que je n'ai jamais lu !
Je vais enfin découvrir l'histoire du fameux Darcy.










Mother Tongue de Bill Bryson
Celui-ci, cela fait longtemps qu'il est sur ma LAL. Depuis que Cécile de Quoide9 en avait parlé ! Et ça y est, il est enfin passé de ma LAL à ma PAL.









Pour en savoir plus, voici leur site Internet ici.


Adresse :
37 avenue de l'Opéra
75002 Paris


Petite anecdote !
Ce matin, je suis allée faire un tour sur le blog My Lou Book et voici l'article écrit par Lou hier : Au coeur de Paris, qui parle d'une autre librairie anglophone, the Village Voice Bookshop (Paris 6ème), où elle s'est justement rendue ce week-end.
Je note l'adresse pour la prochaine fois où je traînerai du côté de Mabillon !

Effroyables jardins - Michel Quint

Et voici la lettre Q de mon challenge ABC 2007 : Effroyables jardins de Michel Quint.


4ème de couverture

« Certains témoins mentionnent qu’aux derniers jours du procès de Maurice Papon, la police a empêché un clown de rentrer dans la salle d’audience. Il semble que ce même jour, il ait attendu la sortie de l’accusé et l’ait simplement considéré à distance sans chercher à lui adresser la parole. L’ancien secrétaire général de la préfecture a peut-être remarque ce clown mais rien n’est moins sûr. Par la suite l’homme est revenu régulièrement sans son déguisement à la fin des audiences et aux plaidoiries. A chaque fois, il posait sur ses genoux une mallette dont il caressait le cuir tout éraflé. Un huissier se souvient de l’avoir entendu dire après que le verdict fut tombé :
- Sans vérité, comment peut-il y avoir de l’espoir ? »


L’auteur dédie ce court texte lumineux, émouvant et métaphorique à la mémoire de son grand-père, ancien combattant à Verdun et de son père, ancien résistant.

« Fin du 4ème de couverture »



Voici un roman court – 63 pages – que j’ai beaucoup aimé. L’histoire est touchante, émouvante et très bien racontée. Je me sens un peu frustrée car je ne sais pas ce que je pourrais vous dire de plus à part : lisez-le !

Ce roman a été adapté au cinéma (fiche Allociné) et malgré mes dernières déceptions cinématographiques devant certaines adaptations de romans, je souhaiterais le voir.



Photo Couverture : Amazon.fr
Photo Affiche : Allociné.com

15 février 2007

L'inespérée - Christian Bobin

Et voilà le tout premier livre de mon challenge ABC 2007 ! Je commence donc avec la lettre B et Christian Bobin. Je n'ai jamais rien lu de cet auteur français (né en 1951). J’ai choisi de lire ce livre après avoir lu le message de Florinette (allez voir ). Elle m’a tenté et je l’ai emprunté le midi même à la bibliothèque du boulot. En lisant le 4ème de couverture, j’ai été complètement convaincue de mon envie de le lire !

4ème de couverture
C’est toujours l’amour en nous qui est blessé,
c’est toujours de l’amour que nous souffrons
même quand nous croyons ne souffrir de rien.







Voici un très beau recueil de textes. Christian Bobin nous parle de la vie, de la mort, de l’amour, de la littérature, de la peinture, des enfants, des choses de la vie. C’est poétique, profond, plein de réflexions tellement justes. J’ai lu la plupart des textes deux fois, lentement, pour bien m’en imprégner. C’est le genre de livres qu’on savoure, en prenant son temps, en faisant une pause entre chaque texte.

Je vais acheter mon propre exemplaire – broché – et je pense que de temps à autre, je relirai un de ces textes, comme ça. C’est le genre de livres qu’on ouvre régulièrement, juste pour en lire un morceau. Je n’ai encore jamais trouvé un tel livre, celui-ci est le premier et j’en suis assez fière. Merci Florinette !

C’est aussi le genre de livres où on relève plein de phrases, qu’on note précieusement. Chose que j’ai faite et que je vous livre ici. A vous de voir si vous souhaitez les découvrir là, dans ce message, ou d’attendre de les découvrir en lisant ce livre.


Une lettre à la lumière qui traînait dans les rues du Creusot, en France, le mercredi 16 décembre 1992, vers quatorze heures

Une très belle lettre d’amour que le narrateur fait à la lumière. C’est très poétique ! Ce premier texte m’a conquis.

« Nous ne cherchons tous qu’une seule chose dans cette vie : être comblés par elle – recevoir le baiser d’une lumière sur notre cœur gris, connaître la douceur d’un amour sans déclin. Être vivant c’est être vu, entrer dans la lumière d’un regard aimant »

« La vérité, on ne peut l’avoir, seulement la vivre. »


Le mal

Voici un texte sur le mal, qui est là, partout autour de nous. Ce texte est aussi une critique de la télévision :

« La télévision, c’est le monde qui s’effondre sur le monde, une brute geignarde et avinée, incapable de donner une seule nouvelle claire, compréhensible. La télévision c’est le monde à temps plein, à ras bord de souffrance, impossible à voir dans ces conditions, impossible à entendre. »

Autres extraits que j’ai notés :

« La vulgarité, on dit aux enfants qu’elle est dans les mots. La vraie vulgarité de ce monde est dans le temps, dans l’incapacité de dépenser le temps autrement que comme des sous, vite, vite, aller d’une catastrophe aux chiffres du tiercé, vite glisser sur des tonnes d’argent et d’inintelligence profonde de la vie, de ce qu’est la vie dans sa magie souffrante, vite aller à l’heure suivante et que surtout rien n’arrive, aucune parole juste, aucun étonnement pur. »

« L’intelligence est la force, solitaire, d’extraire du chaos de sa propre vie la poignée de lumière suffisante pour éclairer un peu plus loin que soi – vers l’autre là-bas, comme nous égaré dans le noir. »


La traversée des images & Le thé sans thé
Ces deux textes m’ont moins touché.


Une fête sur les hauteurs
Dans ce texte, Christian Bobin nous parle de l’attitude d’enfants face à la mort de leur grand-mère, tout en noblesse pour ces adultes tout dans leur chagrin.


J’espère que mon cœur tiendra, sans craquelures

Un texte qui parle de peinture, de mort et d’amour, ces thèmes étant récurrents dans tous ces textes.

A propos de la mort :
« Il y a deux attitudes possibles devant la mort. Ce sont les mêmes attitudes que devant la vie. On peut les fuir dans une carrière, une pensée, des projets. Et on peut laisser faire – favoriser leur venue, célébrer leur passage. (…) Le mieux que nous puissions faire en attendant ce jour est de lui rendre sa tâche légère : qu’elle n’ait presque rien à prendre parce que nous aurions déjà presque tout donné. »


Elle ne vous fait plus peur
Un joli texte très juste à propos de la peur : « La peur c’est la nuit, la joie c’est le jour. »


La retraite à trente ans
Mina
Je me suis levée au milieu du repas



L’inespérée
Ce dernier texte est une très belle lettre d’amour.


« Allez va, va petit bateau chahuté par les vagues, va délivrer ta cargaison de lumières »


Photos Couverture : Amazon.fr

14 février 2007

Challenge ABC 2007

Ca y est ! J'ai enfin fini d'établir ma liste pour le challenge ABC 2007 ! Je suis sure qu'il y a plusieurs personnes qui ne savent (pas encore) ce que c'est que donc que cela... Récemment, j'ai fait la connaissance de blogueuses LCA et au fil de leurs blogs, j'ai entendu parler de ce challenge... Je suis donc allée faire un tour sur le site qui lui est consacré, . Et j'ai donc découvert ce qu'était le challenge ABC 2007 : il consiste à lire 26 romans - jamais lus, bien sûr ! - dont le nom de l'auteur de chacun commence par une des 26 lettres de l'alphabet.

Et voilà, ça y est, j'ai établi ma liste que je vous livre ici en exclusivité et commentée !


Auster, Paul - Le livre des illusions *** LU ***
Venant de faire la connaissance des blogueuses, Flo et Florinette, ce choix était inévitable ! J'ai déjà lu des romans de Paul Auster, et notamment Brooklyn Follies que j'ai adoré ! Et je ne me souviens pas de l'autre que j'ai lu... surement La Trilogie new-yorkaise, et j'avais moins apprécié.
Pour faire mon choix, je me suis inspirée de leur message "Par quoi commencer ?" sur leur blog consacré à Paul Auster :

http://austerblog.over-blog.com/article-5549696.html.
Mon avis ici

Bobin, Christian - L'inespérée
*** LU ***
Choisi grâce à Florinette :

http://www.leslecturesdeflorinette.com/article-5462669.html
Mon avis ici

Claudel, Philippe - Le monde sans les enfants *** LU ***
Choisi - encore :o) - grâce à Florinette :

http://www.leslecturesdeflorinette.com/article-5388362.html
Mon avis ici


Dorgelès, Roland - Les croix de bois
Livre de la bibliothèque de mon copain

Erre, J.M . - Prenez soin du chien
Choisi grâce à Flo cette fois :

http://meslectures.over-blog.com/article-5520365.html

Fforde, Jasper - L'affaire Jane Eyre
Ce livre se trouve déjà dans ma bibliothèque. Je l'ai acheté sur recommandation de Laurence, rencontrée lors des dîners livre échange

Gattégno, Jean-Pierre - Longtemps je me suis couché de bonne heure
Choisi grâce à SuperFox de la liste Yahoo! Bouquins.

Herbert, James - Fluke
Livre de la bibliothèque de mon copain

Indridason, Arnaldur - La cité des jarres
Choisi au hasard en furetant sur le net sur les sites des vendeurs et éditeurs. Arnaldur Indridason est un auteur islandais.

Jaenada, Philippe - Le chameau sauvage *** LU ***
Recommandé par Cécile de Quoide9. Je ne pouvais pas ne pas le faire apparaître dans ma liste !

Mon avis ici

Kristof, Agota - Le grand cahier / La preuve / Le troisième mensonge
J'ai récupéré cette trilogie lors d'un dîner livre échange. Il me semble l'avoir déjà lue, ou au moins le premier tome, mais je n'en suis pas sure à 100%. Si cela se confirme, peut-être devrais-je trouver un autre livre pour la lettre K !

Leblanc, Maurice - L'Aiguille creuse
Choisi parce qu'il serait temps que je lise un Arsène Lupin !

McCauley, Stephen - L'objet de mon affection
J'ai acheté ce roman en librairie suite à un article lu sur le dernier roman en date de cet auteur, Sexe et dépendances. J'ai choisi celui-ci en particulier car il a été adapté au cinéma dans un film avec Jennifer Aniston !

Nourissier, François - La fête des pères
Livre de la bibliothèque de mon copain

Ogawa, Yoko - Le musée du silence
Livre de ma bibliothèque

Poivre d'Arvor, Patrick - Lettres à l'absente / Elle n'était pas d'ici *** LU ***
Livre de ma bibliothèque que j'avais acheté car je n'ai jamais lu un roman de PPDA.

Mon avis ici

Quint, Michel - Effroyables jardins *** LU ***
Là, j'avoue, je sèchais totalement pour la lettre Q et c'était la dernière lettre... alors j'ai regardé les listes des autres gens. Je plaide donc coupable. :o)

Mon avis ici

Remarque, Erich Maria - A l'Ouest rien de nouveau
Voici un classique que je n'ai jamais lu et qui se trouve dans la bibliothèque de mon copain.

Sepulveda, Luis - Le Vieux qui lisait des romans d'amour
Je n'ai encore jamais rien lu de cet auteur d'Amérique du Sud (Chili), alors je me lance ! Surtout que j'en ai entendu beaucoup de bien de la part de ma maman et de Stéphanie de Quoide9.

Tremblay, Michel - Bonbons assortis
Cela fait un petit moment que je souhaite lire un roman de cet auteur québécois et je me suis décidée en lisant le message d'Allie :

Udall, Brady - Lâchons les chiens *** LU ***
Choisi grâce à Hilde :

http://bloghost.hautetfort.com/archive/2007/02/13/lachons-les-chiens.html
Mon avis ICI

Voltaire - Le monde comme il va et autres contes
En furetant dans la collection Folio 2€

Wharton, Edith - Les lettres
En furetant encore dans la collection Folio 2€

Xiaolong, Qiu - Mort d'une héroïne rouge

Yourcenar, Marguerite - Nouvelles orientales

Zweig, Stefan - Les Prodiges de la vie
J'ai récupéré ce livre lors d'un dîner livres échange. Il avait été apporté par Stéphanie, qui avait entendu dire que toutes les femmes avaient ce roman comme livre de chevet. Et moi, je n'en avais jamais entendu parler ! Donc ma curiosité m'a poussé à le prendre...


Et voilà ! Ma liste est faite, il ne me reste plus qu'à lire. :o)

J'ai une légère appréhension car voilà, il n'y a aucune surprise, je vais lire ces 26 romans cette année. Ca enlève un peu du charme de la surprise, de ne pas savoir ce qu'on va lire... D'un autre côté, cette liste est une liste d'envies, de mes envies de lecture et j'ai hâte de lire la plupart de ces romans !


Ma liste apparaît aussi sur le site du Challenge ABC 2007 ICI.

Pars vite et reviens tard - Fred Vargas

Hier soir, nous sommes allés au cinéma voir Pars vite et reviens tard, l'adaptation cinématographique du roman de Fred Vargas (Fiche Allociné). J'en profite donc pour vous parler de ce roman que j'ai lu en août dernier.


4ème de couverture

Ce sont des signes étranges, tracés à la peinture noire sur des portes d’appartements, dans des immeubles situés d’un bout à l’autre de Paris. Une sorte de grand 4 inversé, muni de deux barres sur la branche basse. En dessous, trois lettres : CTL. A première vue, on pourrait croire à l’œuvre d’un tagueur. Le commissaire Adamsberg, lui, y décèle une menace sourde, un relent maléfique.
De son côté, Joss Le Guern le Crieur de la place Edgar-Quinet, se demande qui glisse dans sa boîte à messages d’incompréhensibles annonces accompagnées d’un paiement bien au-dessus du tarif. Un plaisantin ou un cinglé ? Certains textes sont en latin, d’autres semblent copiés dans des ouvrage vieux de plusieurs siècles. Mais tous prédisent le retour d’un fléau venu du fond des âges…



Voici ce que j'en avais dit à l'époque :
J’ai beaucoup aimé ! J’ai lu ce livre après un Musso, ce qui me permet de dire que je suis là face à de la vraie littérature, dans le sens où l’écriture et l’histoire ne sont pas passe-partout, qu’il y a une touche. Donc revenons à l’histoire et au suspense, qui ne sont pas prévisibles et sont très intéressants. Il y a l’histoire qu’on lit et l’Histoire sur laquelle elle se base qui nous font apprendre des choses – notamment ici sur la peste. Et ce livre à une « luminosité sombre » comme dit Dorothée, et je trouve cela tout à fait juste. C’est dur à expliquer, mais c’est tout à fait cela ! On s’attache aux personnages. Et c’est vraiment très bien ! C’est un livre qui mérite d’être lu, je pense !

Et le film, alors, me direz-vous ? Hé ben, je ne sais pas... J'ai été déçue. Mais je ne pense pas que c'est parce que le film est mauvais. Je pense plutôt que cela vient du fait que j'avais vraiment beaucoup aimé le roman, et qu'il m'a été difficile de prendre assez de recul pour vraiment apprécier le film. C'est bizarre...

Lu sur la fiche Allocine.com du film :
"
Même si le film est adapté d'un de ses romans, Fred Vargas n'a pas du tout souhaité participer à ce film. Dès le début, elle n'a pas voulu être présente sur l'écriture du scénario et ce n'est qu'une fois terminé que Régis Wargnier l'a rencontré. Il lui a alors tendu le script lors d'un dîner et elle a répondu: " Je suis une femme de mots. Donc si je lis et que je tombe sur un mot qui ne m'arrange pas, je vais vous emmerder là-dessus alors qu'il est juste fait pour faire des images, mais bon vent !". Fred Vargas a donc totalement dissocié son oeuvre du film. "


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11 février 2007

Blogs & cie - Lecteurs Compulsifs Anonymes

Si vous êtes attentifs, je viens d'ajouter dans la colonne de droite une rubrique Autres blogs de lecture où je vous donne des adresses de blogs qui parlent de lecture et qui sont vachement intéressants ! Tellement intéressants que ma LAL s'agrandit... Ma LAL ? Ah oui, je ne vous en ai jamais parlé car bien que j'en ai une depuis un petit moment, ainsi qu'une PAL, je ne savais pas qu'il existait de vrais termes pour désigner ces 2 choses.

Alors une LAL, c'est une Liste A Lire, ie une liste des livres que j'aimerais lire.

Et une PAL, c'est une Pile A Lire et donc vous aurez compris que c'est un tas de livres que j'ai chez moi (et Stéphane râle...) et que je souhaiterais lire.

D'après Flo, cela constitue des symptômes qui feraient de moi une LCA, c'est-à-dire une Lectrice Compulsive Anonyme. Pour en savoir plus, allez lire son article ICI, dans lequel elle nous propose une liste de petits trucs ayant pour but de réduire les symptômes de LCA. En voici quelques-uns :

1. Eviter les librairies et les bibliothèques (je sais, c'est facile à dire, mais une fois sur place on est fichu alors il est plus facile de biaiser que de lutter une fois dans ces antres diaboliques !)
=> Combien de fois me suis-je interdite d'aller à la FNAC car c'est plus fort que moi, quand j'y suis, je trouve plein de livres intéressants à acheter !!! Pareil pour la bibliothèque de mon entreprise...

3. Relire tous les matins la phrase pleine de vérité de Lou : "le lecteur compulsif n'admet pas sur le moment son incapacité à lire tout ce qu'il a choisi..." (voire la broder/ décalquer/ graver sur son portefeuille)
=> C'est tellement vrai ! C'est comme quand je vais à la bibliothèque de ma société : même si j'ai déjà un livre en cours et d'autres livres en prévision à lire, je repars toujours avec un livre !!!

4. Oublier de se justifier avec la phrase d'Oscar Wilde qui dit que : "Le seul moyen de se délivrer d'une tentation, c'est d'y céder." Il peut se tromper ...
=> Oui mais bon... la tentation est si bonne ! :o)

9. Ne pas avoir de stylo ni de papier lors de sa tournée des blogs livres.
=> Ah la la... Si on fait une tournée de blogs, c'est qu'on est sur un PC et donc pas besoin de stylo, ni de papier ! Il suffit de s'envoyer un mail à soi-même avec toutes les infos !

10. Relire sa LAL régulièrement afin de procéder à un toilettage : des titres notés sous le coup de l'impulsion peuvent ne plus nous faire envie quelques mois plus tard. Or si on traite ce problème au niveau de la LAL, on limitera les dégâts au niveau de la PAL, plus difficile à élaguer. Une fois les livres chez nous, on ose plus difficilement les mettre à la porte ...
=> Je trouve cette idée excellente car il est vrai que des fois, un livre nous plaît puis après réflexion, il nous plaît moins... Donc ce précepte, je vais l'appliquer régulièrement !

Mais c'est tout, je n'en ferai pas plus ! Ne me demandez pas de me réfréner, c'est plus fort que moi ! Je suis malade, j'en suis consciente, mais je ne compte pas me soigner. En fait, le plus énervant dans tout ça, c'est qu'il y a plein plein de romans vachement biens et qu'on n'a pas assez de temps pour tous les lire... Je n'y suis pour rien, moi ! ;o)


PS : Ci-dessous, en exclusivité, le logo des LCA dessiné par Allie !

N'oublie pas mes petits souliers - Joseph Connolly

Ca n'aura pas pris longtemps avant que je m'attaque à la suite de Vacances anglaises : N'oublie pas mes petits souliers !

Vous pouvez retrouver mon message sur Vacances anglaises ici.

4ème de couverture
Dans cette satire au vitriol de la vie et des mœurs contemporaines, on retrouve les personnages de Vacances anglaises, quelques mois après les événements survenus l’été précédent, autour d’un traditionnel repas de noël. Et cette période de fêtes va se révéler redoutable pour chacun d’eux : péripéties, adultères, drames et histoires d’amour torrides dont personne ne sortira indemne…
Après le mémorable Vacances anglaises, Joseph Connolly récidive dans ce roman qui souligne avec une incroyable verve langagière les frustrations, fantasmes coupables et troubles identitaires de la société britannique. Emotion, humour acide et catastrophes en série sont au rendez-vous !



Ce fut un plaisir de retrouver tous les personnages de Vacances anglaises, dans cet "épisode de Noël". J’ai aussi retrouvé le style de Connolly, son humour amer et toujours l’absurdité de ses personnages. Encore un bon petit moment… enfin pas si petit que ça puisque le roman fait quand même 500 pages dans l’édition de poche ! Bien sûr, il y a un petit truc en moins puisque N’oublie pas mes petits souliers n’a pas l’avantage de la découverte du style de Connolly. Mais cela m’a fait quand même fait plaisir de retrouver ces anglais farfelus pour une nouvelle tranche de vie !

Voici quelques extraits qui m’ont interpelé et qui peuvent vous donner un peu une idée du style de Connolly :

On commence avec un monologue intérieur de Melody :
« Si Dieu est aussi bon qu’on le prétend, pourquoi laisse-t-il son misérable univers se saloper sans arrêt – pendant que, le cul posé sur son nuage, il regarde sa créature se crever le train à nettoyer ce foutoir ? C’est d’ailleurs peut-être pour ça que seul le paradis reste toujours blanc (il n’est pas fou). »

Et là, un monologue intérieur d’Howard :
« Toutes ces histoires de comportement et d’intuitions – tout cela est tellement fatigant, selon moi. Selon moi, quand je suis avec quelqu’un, je ne fais qu’improviser, je m’en fiche – rien à faire si c’est la chose à dire ou pas, rien à faire de savoir ce qui va ou ne va pas arriver en retour, je balance le truc, point à la ligne. Parce que toutes ces histoires-là, ça vient des romans, n’est-ce pas ? De ces personnages qui savent, au fond d’eux-mêmes, qui, à n’importe quel moment, ont la connaissance non seulement des pensées et des sentiments des autres, mais aussi de tout leur destin à la con. Eh bien pas moi. Tout ce que je fais et tout ce que je dis, je le fais et le dis en… à… euh je le fais… oh là là, sans rien voir, comment, déjà – comment fait-on les choses, déjà ? Mon Dieu – ma pauvre tête. »

Au tour de Brian :
« Je ne sais pas si vous vous souvenez de cet écrivain dont j’ai déjà parlé – oh, il y a un bon moment, à présent. Celui qui habite dans la même rue que la pop star dont la poubelle m’avait fourni les sous-vêtements, je ne sais pas si vous voyez. Oui – eh bien, j’ai fait quelques recherches sur notre ami écrivain, à la bibliothèque ; finalement, il a deux romans à lui dans les rayons, et ce n’est pas du tout mon truc – pas le temps de lire de la fiction ; j’apprécie un bon récit de guerre ou une biographie, ou un récit de voyage. J’ai eu l’impression que ses romans parlaient de gens à problèmes, et assez égoïstes (j’ai juste feuilleté, comme ça), qui semblaient pour la plupart obsédés par le sexe ; il ne fait aucun doute qu’il y a une clientèle pour ce genre de truc. Au dos du livre, on disait que c’était un des auteurs les plus drôles de Grande-Bretagne, mais moi, ça ne m’a pas arraché un sourire. »
J'aime beaucoup ce passage où Connolly nous fait un clin d’œil à lui-même !

Voici un dialogue entre John et Tara, sa patronne, à propos de Lulu, la femme de John.
« - (…) à propos de livres, Lulu m’a dit un jour qu’elle détestait tous les romans, maintenant, à cause de la fin.
- De la fin ? Mais…
- C’est exactement ce que j’ai dit : Mais Lulu, la fin est toujours différente, non ? Enfin je veux dire, c’est tout l’intérêt, non ? Et elle m’a répondu Non, non – je ne parle pas de la fin en soi, mais du fait qu’on arrive à la fin, c’est ça que je veux dire. Quand il n’y a plus beaucoup de pages à tourner, on sait que c’est presque terminé – et si un personnage est vieux et malade, par exemple, on sait qu’il va mourir dans pas longtemps. Et si un autre personnage dit qu’il va émigrer au Canada ou je ne sais où, on sait qu’on ne le verra plus, parce que l’auteur a trouvé ce moyen-là pour se débarrasser de lui – et on pourra pas le suivre au Canada : il ne reste simplement plus assez de pages.
»
C’est tellement vrai ! Mais pour moi, ce n’est pas une raison pour détester tous les romans ! Je me demande si les éditeurs ne devraient pas rajouter plein de pages blanches à la fin de l’histoire, pour que justement nous ne nous attendions pas à la fin.


ATTENTION ! La suite du message est plus pour ceux qui auraient déjà lu ce livre car je risque de révéler quelques petites choses…

La fin se termine comme une scène de théâtre, le point d’apothéose où tous les personnages se retrouvent au même endroit et où tous les petits secrets sont révélés. Ces derniers chapitres, je les ai vraiment lus comme une pièce de théâtre.En revanche, bien que ce soit la fin puisque bon, forcément, il n’y a pas d’autres pages, mais aussi parce que tout est révélé, nous n’en saurons pas plus sur les conséquences de ces révélations. On pourrait se sentir un peu frustré… mais non, je n’ai pas cette sensation car justement Joseph Connolly me laisse le plaisir d’imaginer moi-même ce qu’il peut se passer, car je me sens proche de ces personnages dans le sens où je les côtoie depuis 1000 pages, alors ça crée des liens. Mais d’un autre côté, je n’aurai la prétention de dire que je sais ce qu’il se passerait si le roman avait continué. Mais je peux me plaire à l’imaginer et cette idée elle-même me plaît…



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Le fils de l'Homme invisible - François Berléand

4ème de couverture

« Je m'appelle François Berléand, j'ai presque onze ans, je ne prends pas la parole sans y avoir été invité par un adulte, je mange de tout, mais je n'ai pas une grande passion pour les carottes râpées, les endives et les épinards. Je ne pose pas spécialement de problèmes. Dans ma chambre j'ai un piano, une radio, un bureau et une grande armoire en teck. Et je suis le fils de l'homme invisible. »

Un soir d'hiver, dans la famille Berléand, le père de François, qui a sans doute abusé de la vodka, déclare à son fils : « De toute façon, toi, tu es le fils de l'homme invisible. » Cela ne fait rire personne autour de la table, et personne ne vient démentir le père de François. C'est le début d'une singulière et terrible histoire d'enfance et d'adolescence, chahutée tout d'abord, puis brisée peu à peu par ce faux secret qui n'est qu'une mauvaise blague.

Au début, c'est très amusant d'être le fils de l'homme invisible, mais, dès lors qu'on se met à y croire, cela peut devenir angoissant, poignant, tragique. Ainsi les années de lycée du petit François se déroulent-elles dans ce climat tragi-comique où, inexorablement, la peur de l'enfant s'installe : il est différent des autres, sûrement pas très normal, peut-être mongolien. Ses parents le lui ont toujours caché pour ne pas lui faire de la peine.

Voilà des années que, d'interview en interview, François Berléand raconte sa drôle d'histoire. Il aura attendu le temps et le recul nécessaires pour l'écrire enfin.

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J’ai le syndrome du message de blog blanc… Je ne sais pas quoi dire sur ce roman.

Enfin si : il ne m’a pas emballé. Mais pourquoi ? C’est là où je reste sans voix…
Est-ce que j’ai été déçue parce que je m’attendais à quelque chose de plus croustillant comme secret à l’origine de l’histoire de François ? (Oui, je sais, c’est honteux, cela fait très voyeur… mais c’est vrai.)
Est-ce que parce que c’est la vie de quelqu’un de connu qui est raconté ? (Je suis partie du principe que vous saviez tous qui est François Berléand : un acteur français !)
Est-ce que parce que ce malentendu, ce faux secret à l’origine de l’enfance et l’adolescence complètement bancales du petit François me paraît totalement absurde, ainsi que tout ce que François va faire par la suite ?
Est-ce le style, ni affreux, ni exceptionnel ?
Je ne sais pas. Peut-être - et même sûrement - est-ce un mélange de tout ça.

J'ai vraiment le sentiment d'être passée à côté de ce roman. En tout cas, je serai très intéressée par l’avis de personnes ayant lu ce roman.


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